D’une avide quête de savoir

J’ai lu « L’empreinte de toute chose » d’Elizabeth Gilbert.

L'empreinte

Le résumé: « Alma Whittaker naît avec le XIXe siècle, à Philadelphie, d’un père anglais qui a fait fortune dans le commerce du quinquina et d’une mère érudite d’origine hollandaise. À leurs côtés et au contact des éminents chercheurs qui gravitent autour d’eux, Alma acquiert une intelligence éclectique et la passion de la botanique. Elle grandit animée d’une soif d’apprendre sans pareille, qui la poussera à explorer le vaste monde, la nature, la société dans laquelle elle vit… et son propre corps – de l’infiniment grand à l’infiniment petit. L’auteur du best-seller Mange, prie, aime nous raconte ici, des bas-fonds de Londres en passant par Tahiti ou les cimes des Andes, le siècle kaléidoscopique qui voit jaillir l’esprit des Lumières. Sa plume est vive, insolente, savante et non dénuée de romantisme : à l’image de son héroïne.« 

« L’empreinte de toute chose » est le tout premier livre d’Elizabeth Gilbert qui a rejoint ma PAL, c’était donc une totale découverte.

Ce livre est avant toute chose un superbe portrait de femme. Alma, le personnage principal, naît de parents singuliers: son père, issu d’une famille anglaise extrêmement pauvre, a profité du savoir botanique hérité de son père et de son culot pour s’extraire de sa condition et devenir, aux États-Unis, un riche négociant en plantes médicinales, sa mère, issue d’une famille de notables érudits hollandais, a tout quitté pour s’exiler outre-atlantique avec celui qu’elle s’est choisi pour mari. Tous deux, bien que de caractères extrêmement différents, la poussent dés son plus jeune âge à étancher sa soif de savoir par tous les moyens mis à sa disposition, et à développer sa curiosité et sa capacité naturelle à questionner et à débattre.
Alma grandit donc au milieu des livres, des leçons dispensées par sa rigoureuse mère ( qui lui enseigne aussi l’art de la réserve et de la maîtrise de soi ) et des dîners donnés au domaine en présence de savants à la conversation exigeante. Et lorsqu’elle sort dans le parc, c’est toujours pour explorer, faire des découvertes scientifiques et tester des hypothèses.
Cette existence paisible mais quelque peu hors-norme, loin de tout et notamment des autres enfants, fait d’elle un être à part au fil des années. Et lorsqu’un soir une nouvelle venue débarque brutalement dans la famille, c’est tout son quotidien préservé d’enfant unique qui vole en éclat. Prudence, sa sœur adoptive, puis Retta, sa fantasque amie, et Ambrose, un fascinant peintre d’orchidées, vont chacun à leur manière bousculer ses habitudes et certitudes et la forcer, pour le meilleur comme pour le pire, à se confronter à la vraie vie.

Dans « L’empreinte de toute chose », c’est toute la vie d’Alma qu’Elizabeth Gilbert nous raconte, de sa naissance ( et même avant avec un aperçu de la jeunesse de son père ) à sa vieillesse, de son enfance dans le domaine familial ( White Acre ) à ses voyages à Tahiti et aux Pays-Bas.
Avec une plume enlevée et moderne – même si le récit se déroule au XIXe siècle -, elle nous entraîne avec bonheur dans le tourbillon qu’est la vie de son personnage. Elle nous conte sa singularité, son extrême intelligence, sa passion et son incessante quête de savoir, ses difficultés à se confronter au monde aussi, et plus particulièrement aux gens, son désir d’être aimée et, l’âge avançant, cette prise de conscience qui la mène, sur un coup de tête, à l’autre bout du monde.
Et à travers ce portrait, à travers cette galerie de personnages plus passionnants les uns que les autres, c’est aussi la chronique d’une époque que l’auteur nous brosse habilement. On découvre les prémisses de la civilisation américaine, l’émergence d’un territoire construit par des hommes audacieux – à l’image du père d’Alma, Henry -, on se fait une idée de l’avancée des sciences et de l’éternel affrontement entre savants et religieux/croyants, on plonge sans retenue dans le domaine de la botanique, et on prend conscience de la difficulté de voyager à l’époque ( où la calèche et le bateau étaient les moyens de transport les plus couramment utilisés ) – surtout pour une femme.

Pour faire court: ce roman est une petite pépite! ( de 800 et quelques pages quand même )
Alma est un personnage attachant et on prend plaisir à la suivre années après années, au fil des découvertes et des rencontres qui émaillent son parcours. Le récit est rythmé ( un peu moins dans la dernière partie cependant ), le sujet passionnant, et on tourne les pages sans même s’en rendre compte.
Certains regretteront peut-être de trop longs passages consacrés à la science et, entre autres, à l’étude des mousses ( domaine privilégie d’Alma ), mais personnellement ça ne m’a pas gênée.
J’ai adoré cette plongée dans le XIXe siècle et j’ai refermé le livre avec regret.

 

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