De l’intérieur

J’ai reçu il y a deux jours mon nouveau ravitaillement littéraire. Non pas que je sois à cours de lectures mais certains bouquins me faisaient de l’œil depuis un petit moment déjà et, malgré les 5 ou 6 qui patientaient dans ma PAL, j’ai récidivé.
Parmi les petits derniers reçus se trouvait un extra-terrestre dont la couverture m’avait hypnotisée ( on ne se refait pas ) et qui, bien qu’écrit par une grande écrivaine française, ne semble pas si connue que ça. Avant de croiser sa jaquette je n’en avais d’ailleurs jamais entendu parler.
Je l’ai lu cet après-midi.

Il s’agit de « Toxique », de Françoise Sagan.

Et si je l’ai taxé d’extra-terrestre c’est parce qu’il n’a rien à voir avec le reste de la production littéraire de l’auteure. Il s’agit en effet de la retranscription du court journal intime qu’elle a tenu lors de son séjour en clinique pour désintoxication. Un grave accident de voiture l’ayant laissée en 1957 avec un problème de douleurs chroniques dont seul un dérivé de morphine été parvenu à la soulager mais auquel elle était rapidement devenue dépendante.
« Toxique » est donc une rapide, mais profonde, plongée dans la tête d’une Sagan en souffrance, vulnérable, à la merci de son addiction et des angoisses que la lutte contre cette dernière fait naître en elle.
Naviguant entre moments de détresse, visites de ses proches et réflexions sur ses lectures et son travail d’écriture, elle se détache peu à peu de la substance dont les prises ont rythmé sa vie durant plusieurs mois et envisage sa vie d’après.
Ses pensées sont livrées à l’état brut mais ce petit livre tient plus, de par son style, du roman que du document personnel et privé. Les phrases sont courtes, le discours va a l’essentiel et ne se perd pas en descriptions et analyses, mais riches de sens et les mots choisis sonnent juste.

Pour ne rien gâcher, le texte est illustré par le peintre Bernard Buffet. Ses croquis donnent du relief aux réflexions de Sagan et renforcent leur charge émotionnelle. C’est un tout petit livre, qui se lit très vite ( en une dizaine de minutes à peine ) mais il m’a semblé parcourir un carnet unique, précieux même, et j’ai adoré cette plongée en eaux finalement pas si troubles que ça.

Quelques photos:

Toxique1  Toxique2

Toxique3  Toxique3

Et un passage qui m’a tout particulièrement parlé:

« Je sais ce qu’il me reste à faire; je vais m’éprendre de moi, me soigner, me bronzer, me refaire les muscles un par un, m’habiller, me ménager infiniment les nerfs, me faire des cadeaux, me jeter dans les glaces des sourires troublés. M’aimer. »

11 commentaires sur “De l’intérieur

  1. Je n’en n’ai jamais entendu parler mais tu m’intrigues au plus au point ! Dans la même veine, je te conseille 4?48 Psychose de Sarah Kane, après avoir rédigé ce journal, l’auteure s’est suicidé, elle laisse ses dernières pensées, et c’est très révélateur d’un être. J’ai beaucoup aimé, il m’a retournée, mais il faut être dans de bonnes disposition pour le lire, car c’est très troublant.

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    1. Ah, je ne le connais pas celui-là. Par contre il y a « La cloche de détresse », de Sylvia Plath, qui me tente pas mal depuis un moment. C’est un roman autobiographique qu’elle a écrit durant ses sombres années de dépression ( qui l’ont conduite au suicide ) et qui vaut apparemment le détour.
      Pas très joyeux mais tous les livres ne peuvent pas être légers 🙂

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  2. Je n’ai jamais lu de Françoise Sagan, même le fameux « Bonjour Tristesse ».
    J’ai, néanmoins, « Aimez-vous Brahms… » qui traîne dans ma PAL depuis quelques mois, je finirai bien par me lancer.
    Ce livre a l’air d’être un très bel objet, et le passage que tu cites, parfait !

    ps de fille : ce vernis bleu est juste CANON ! (je suis jalouse, oui oui.)

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    1. J’ai lu « Bonjour tristesse » il y a quelques années mais je n’ai pas accroché… je ne me suis pas sentie « concernée » par le sujet.

      PS: c’est un vernis Sephora, le « Blue Sapphire » ^^

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